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et, conformément à celui-ci, à déterminer la relation à lui comme attente. |
Quant à ce qui appartient de surcroît au phénomène, on y voit un simple " sentiment de plaisir et de peine ". |
Mais comment la temporalité de l’angoisse se rapporte-t-elle à celle de la peur ? Nous avons appelé l’angoisse une affection fondamentale Elle transporte le Dasein devant son être-jeté le plus propre et dévoile l’étrang(èr)eté de l’être-au-monde quotidiennement familiarisé. |
Cela dit, l’angoisse est formellement déterminée, tout comme la peur, par un devant-quoi du s’angoisser et par un pour-quoi. |
Néanmoins, l’analyse a montré que ces deux phénomènes coïncident dans l’angoisse. |
Ce qui ne doit pas signifier que les caractères structurels du devant-quoi et du pour-quoi seraient confondus, comme si l’angoisse ne s’angoissait ni devant. |
, ni pour. |
Que le devant-quoi et le pour-quoi coïncident, cela veut dire que l’étant qui les remplit est le même, à savoir le Dasein. |
En particulier, le devant-quoi de l’angoisse ne fait pas encontre comme un sujet déterminé de préoccupation, la menace ne vient pas de l’étant à-portée-de-la-main et sous-la-main, mais bien plutôt justement de ce que tout étant à-portée-de- et sous-la-main ne nous " dit " absolument plus rien. |
Avec l’étant du monde ambiant, il ne retourne plus de rien. |
Le monde où j’existe a sombré dans la non- significativité, et le monde ainsi ouvert ne peut libérer de l’étant que sous la figure de la non- tournure. |
Le rien du monde, devant lequel l’angoisse s’angoisse, ne signifie pas que soit expérimentée dans l’angoisse (par exemple) une absence du sous-la-main intramondain. |
Celui-ci, au contraire, doit justement faire encontre pour qu’il ne puisse même pas retourner de. |
avec lui et qu’il puisse se montrer dans un vide impitoyable. |
Or cela implique que le s’attendre préoccupé ne trouve rien à partir de quoi il pourrait se comprendre, qu’il mord sur le rien du monde; toutefois, le comprendre, butant sur le monde, est transporté par l’angoisse vers l’être-au-monde comme tel, ce devant-quoi de l’angoisse étant cependant en même temps son pour-quoi. |
Le s’angoisser devant. |
n’a ni le caractère d’une attente ni en général celui d’un s’attendre à. |
Le devant-quoi de l’angoisse est bel et bien déjà " là ", étant le Dasein lui- même. |
Mais alors, l’angoisse n’est-elle pas constituée par un avenir ? Assurément, mais non pas par l’avenir inauthentique du s’attendre à. |
L’in-signifiante du monde ouverte dans l’angoisse dévoile la nullité de l’étant de la préoccupation, c’est-à-dire l’impossibilité de se projeter vers un pouvoir-être de l’existence qui serait primairement fondé en lui. |
Mais le dévoilement de cette impossibilité laisse en même temps luire la possibilité d’un pouvoir-être authentique. |
Or quel sens temporel ce dévoilement a-t-il ? L’angoisse s’angoisse pour le Dasein nu, en tant que jeté dans l’étrang(èr)eté. |
Elle reporte au pur " que " de l’être-jeté isolé le plus propre. |
Ce re-port ne présente pas le caractère d’un oubli qui esquive, mais pas non plus celui d’un souvenir. |
D’autre part, l’angoisse inclut tout aussi peu déjà une assomption répétitrice de l’existence dans la décision. |
En revanche, l’angoisse re-porte à l’être-jeté comme être-jeté répétable possible. |
Et de ce fait, elle dévoile conjointement la possibilité d’un pouvoir-être authentique qui, dans la répétition, doit revenir en tant qu’ad-venant vers le Là jeté. |
Transporter devant la répétabilité, telle est la modalité ekstatique spécifique de l’étre-été qui constitue l’affection de l’angoisse. |
L’oubli constitutif de la peur égare, et il laisse le Dasein aller et venir entre des possibilités " mondaines " non saisies. |
A l’opposé de ce présentifier sans retenue, le présent de l’angoisse est tenu dans le se-re-porter vers l’être-jeté le plus propre. |
L’angoisse, selon son sens existential, ne peut pas se perdre dans un étant offert à la préoccupation. |
Que quelque chose de tel se produise dans une affection semblable à elle, et alors c’est la peur, que l’entendement quotidien confond avec l’angoisse. |
Mais quoique le présent de l’angoisse soit tenu, il n’a pourtant pas encore le caractère de l’instant qui se temporalise dans la décision. |
L’angoisse transporte seulement dans la tonalité d’une décision possible. |
Son présent tient en suspens cet instant comme lequel elle-même - et elle seulement - est possible. |
De la temporalité spécifique de l’angoisse, qui se fonde donc originairement dans l’être- été de telle sorte que son avenir et son présent ne se temporalisent qu’à partir de lui, se dégage la possibilité de la puissance caractéristique de la tonalité de l’angoisse. |
En elle, le Dasein est complètement repris en son étrang(èr)eté nue, et pris par celle-ci. |
Néanmoins, cette captation ne re-prend pas seulement le Dasein aux possibilités " mondaines ", mais elle lui donne en même temps la possibilité d’un pouvoir-être authentique. |
Cependant, l’une et l’autre tonalités, la peur et l’angoisse, ne " surviennent " jamais isolément dans un " courant de vécus ", mais elles in-tonent, et ainsi déterminent, à chaque fois un comprendre - ou se déterminent à partir de lui. |
La peur a son occasion dans l’étant offert dans le monde ambiant à la préoccupation. |
L’angoisse, au contraire, jaillit du Dasein même. |
La peur assaille à partir de l’intramondain. |
L’angoisse s’élève à partir de l’être-au- monde comme être pour la mort jeté. |
Comprise temporellement, cette " montée " de l’angoisse signifie ceci : l’avenir et le présent de l’angoisse se temporalisent à partir d’un être- été originaire au sens du re-porter vers la répétabilité. |
Mais à proprement parier, l’angoisse ne peut monter que dans un Dasein résolu. |
Celui qui est résolu ne connaît aucune peur, mais il comprend justement la possibilité de l’angoisse comme de cette tonalité qui ne l’inhibe ni ne l’égare. |
Elle libère de possibilités " nulles " et laisse devenir libre pour des possibilités authentiques. |
Bien que des deux modes de l’affection, peur et angoisse, se fondent primairement dans un être-été, leur origine respective, considérée par rapport à leur temporalisation à chaque fois propre au sein de la totalité du souci, est différente. |
L’angoisse naît de l’avenir de la résolution, la peur naît du présent perdu, dont la peur prend timidement peur pour y succomber d’autant plus décidément. |
Mais cette thèse de la temporalité des tonalités, demandera-t-on, ne vaut-elle pas peut- être seulement des phénomènes que nous avons choisi d’analyser ? Comment, dans l’a-tonie blafarde qui règne dans la " grisaille quotidienne ", pourrait-on découvrir un sens temporel ? Et qu’en est-il de la temporalité de tonalités et d’affects comme l’espoir, la joie, l’enthousiasme, la sérénité radieuse ? Que non seulement la peur et l’angoisse, mais encore d’autres tonalités se fondent existentialement dans un être-été, c’est ce qui apparaît si l’on évoque simplement des phénomènes comme le dégoût, la tristesse, la mélancolie, le désespoir. |
Leur interprétation, du reste, doit être située sur la base élargie d’une analytique existentiale élaborée du Dasein. |
Cependant, même un phénomène comme l’espoir, qui semble être entièrement fondé dans l’avenir, doit être analysé de manière analogue à la peur. |
On a pu caractériser l’espoir, à la différence de la peur, qui se rapporte à un malum futurum, comme l’attente d’un bonum futurum. |
Cependant. |
ce qui est décisif pour la structure du phénomène, ce n’est pas tant le caractère " avenant " de ce d quoi l’espoir se rapporte que bien plutôt le sens existential de l’espérer lui-même. |
Ici aussi, son caractère de tonalité réside en ce qu’il est espérer-pour-soi. |
Celui qui espère s’emporte pour ainsi dire lui-même dans l’espoir, il se confronte à ce qu’il espère. |
Or cela suppose qu’il se soit gagné. |
Que l’espoir, par opposition à l’anxiété oppressante, soulage, cela indique simplement que cette affection demeure élIe aussi rapportée à la charge sur le mode de l’être-été. |
Une tonalité exaltée, ou mieux exaltante, n’est possible ontologiquement qu’en un rapport temporalo-ekstatique du Dasein au fondement jeté de lui-même. |
L’a-tonie blafarde de l’indifférence, enfin, qui n’est attachée à rien, ne se presse vers rien et s’en remet à ce que chaque jour apporte, non sans alors emporter cependant d’une certaine manière toutes choses, illustre de la manière la plus frappante la puissance de l’oubli dans les tonalités quotidiennes de la préoccupation prochaine. |
Le " se laisser vivre " qui " laisse " également tout " être " comme il est, se fonde dans une remise oublieuse de soi à l’être-jeté. |
Il a le sens ekstatique d’un être-été inauthentique. |
L’indifférence, qui est tout à fait compatible avec un débordement d’activité, doit être nettement séparée de l’équanimité. |
Car cette tonalité provient de la résolution, qui est instantanée envers les situations possibles du pouvoir-être-tout ouvert dans le devancement vers la mort. |
Seul peut être affecté un étant qui, selon son sens d’être, se-trouve, autrement dit qui, existant, a (est) déjà à chaque fois été et existe selon un mode constant de l’être-été. |
L’affection présuppose ontologiquement le présentifier, et cela de telle manière qu’en lui le Dasein peut être re-porté vers soi en tant qu’ayant-été. |
Comment l’excitation et l’impression des sens, chez un être sans plus vivant, doivent être ontologiquement délimitées, comment et où en général l’être des animaux, par exemple, est constitué par un " temps ", ce sont là des problèmes qui demeurent. |
L’analyse temporelle du comprendre et de l’affection n’a pas simplement rencontré une ekstase primaire pour le phénomène à chaque fois considéré, mais toujours et en même temps la temporalité totale. |
Or de même que c’est l’avenir qui possibilise primairement le comprendre, et l’être-été la tonalité, de même le troisième moment constitutif du souci, l’échéance a son sens existential dans le présent. |
Notre analyse préparatoire de l’échéance avait commencé par une interprétation du bavardage, de la curiosité et de l’équivoque2 : l’analyse temporelle de l’échéance se doit de suivre le même chemin. |
Néanmoins, nous restreindrons notre recherche à une considération de la curiosité, parce que c’est en elle que la temporalité spécifique de l’échéance se laisse le plus aisément discerner. |
L’analyse du bavardage et de l’équivoque, au contraire, présuppose que l’on ait au préalable clarifié la constitution temporelle du parler et de l’expliciter. |
La curiosité est une tendance d’être privilégiée du Dasein, conformément à laquelle il se préoccupe d’un pouvoir-voir3 . |
Voir " n’est pas ici restreint, pas plus que le concept de vue, au percevoir par les " yeux du corps ". |
L’accueillir, pris au sens large, laisse l’à-portée-de-la- main et le sous-la-main faire encontre en lui-même " en chair et en os " du point de vue de son a-spect. |
Ce laisser-faire-encontre se fonde dans un présent. |
Celui-ci donne en général l’horizon ekstatique à l’intérieur duquel de l’étant peut être présent en chair et en os. |
Si la curiosité, cependant, présentifie le sous-la-main, ce n’est pas pour le comprendre en séjournant auprès de lui, mais c’est en cherchant à voir seulement pour voir et pour avoir vu. |
Sous la figure de cette présentification prise à ses propres rets, la curiosité se tient dans une unité ekstatique avec un avenir et un être-été correspondants. |
L’avidité de nouveauté est sans doute une percée vers un non-encore-vu, mais de telle manière que le présentifier cherche à se soustraire au s’attendre à. |
Si la curiosité est avenante, c’est de façon absolument inauthentique, et, si elle est telle. |
ce n’est pas non plus en s’attendant à une possibilité, mais en ne désirant déjà plus celle-ci, en son avidité, que comme quelque chose d’effectif. |
La curiosité est constituée par un présentifier sans retenue, qui, purement présentifiant, cherche ainsi constamment à se dérober au s’attendre à. |
où il est tout de même " tenu " sans retenue. |
Le présent " ré-suite " du s’attendre à. |
correspondant au sens accentué d’un échapper à. |
Mais ce présentifier " ré-sultant " de la curiosité est si peu adonné à la " chose " qu’à peine une vue obtenue sur elle, il s’en détourne au profit de l’autre chose la plus proche. |
Ce présentifier qui " résulte " ainsi constamment du s’attendre à. |
une possibilité déterminée saisie rend ontologiquement possible le non-séjour qui caractérise la curiosité. |
Le présentifier ne " ré-suite " pas du s’attendre à. |
en ce sens qu’il s’en détacherait pour ainsi dire ontiquement et le laisserait à lui-même. |
Le " ré-sulter " est une modification ekstatique du s’attendre à. |
mais de telle manière que celui-ci sautille derrière le présentifier. |
Le s’attendre à. |
se sacrifie pour ainsi dire lui-même, et il ne laisse plus non plus des possibilités inauthentiques de préoccupation ad-venir vers soi à partir de l’étant dont il se préoccupe, à moins qu’il ne s’agisse de possibilités offertes à un présentifier sans retenue. |
La modification ekstatique du s’attendre à. |
par le présentifier ré-sultant en un présentifier sautillant est la condition temporalo-existentiale de possibilité de la distraction. |
Sous l’effet du s’attendre à. |
sautillant, le présentifier est de plus en plus remis à lui- même. |