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Notre ajout : " et qui de surcroît sont sans-monde " ne doit pas être omis, puisque même un étant qui n’est pas sans-monde — par exemple le Dasein lui-même — est sous-la-main " dans " le monde, plus exactement peut être appréhendé avec un certain droit et dans certaines limites comme seulement sous-la-main.
Ce qui exige de faire totalement abstraction de, ou ne pas apercevoir du tout la constitution existentiale de l’être-à.
Néanmoins, il n’est pas question de confondre cette appréhension possible du " Dasein " comme étant, ou n’étant plus que sous-la-main, avec certain mode d’" être-sous-la-main " propre au Dasein.
Ce mode, en effet, n’est plus accessible à qui fait abstraction des structures spécifiques du Dasein, mais au contraire seulement à qui les comprend d’emblée.
Le Dasein comprend son être le plus propre au sens d’un certain " être-sous-la-main factuel " Et pourtant la " factualité " du fait du Dasein propre est ontologiquement sans commune mesure avec la survenance factuelle d’une espèce minérale.
La factualité propre au fait du Dasein, ce mode en lequel tout Dasein est à chaque fois, nous l’appelons sa facticité.
La structure compliquée de cette déterminité d’être ne peut elle-même être saisie comme problème qu’à la lumière d’une élaboration préalable des constituants existentiaux fondamentaux du Dasein.
Le concept de facticité inclut ceci : l’être-au-monde d’un étant " intramondain ", mais d’un étant capable de se comprendre comme lié en son " destin " à l’être de l’étant qui lui fait encontre à l’intérieur de son propre monde.
Tout ce qui importe dans un premier temps est d’apercevoir la différence ontologique séparant l’être-à.
comme existential de l’" intériorité " réciproque d’étants sous-la-main comme catégorie.
Mais si nous délimitons ainsi l’être-à.
, toute forme de " spatialité " n’est pas pour autant déniée au Dasein, au contraire : le Dasein a lui-même un " être-à-l’espace " propre, mais qui n’est possible quant à lui que sur la base de l’être-au-monde comme tel.
Il est donc exclu de préciser ontologiquement l’être-à.
à l’aide d’une caractérisation ontique, en disant par exemple : l’être-à dans un monde est une propriété spirituelle et la " spatialité " de l’homme est une propriété de sa corporéité [propre], laquelle est toujours en même temps " fondée " par la corporéité [en général].
En effet, parier ainsi serait en revenir à un être- ensemble-sous-la-main d’une chose spirituelle ainsi constituée et d’une chose corporelle, l’être de l’étant ainsi composé n’en demeurant que plus obscur.
Seule la compréhension de l’être-au-monde comme structure d’essence du Dasein permet de prendre un aperçu sur la spatialité existentiale du Dasein.
Elle seule préserve de manquer, ou d’annuler d’avance cette structure, laquelle annulation est motivée, non certes ontologiquement, mais bel et bien " métaphysiquement " par l’opinion naïve selon laquelle l’homme serait d’abord une chose spirituelle qui serait transportée après coup " dans " un espace.
L’être-au-monde du Dasein, avec la facticité qui lui est propre, s’est toujours déjà dispersé ou même disséminé dans des guises déterminées de l’être-à.
Il est possible d’illustrer la multiplicité de ces guises de l’être-à.
à l’aide de l’énumération suivante : avoir affaire avec quelque chose, produire quelque chose, prendre soin de quelque chose, employer quelque chose, abandonner quelque chose et le laisser perdre, entreprendre, imposer, rechercher, interroger, considérer, discuter, déterminer.
A ces guises de l’être-à.
est commun un mode d’être qu’il nous faudra déterminer plus précisément : la préoccupation.
Sont également des guises de la préoccupation les modes déficients comme : s’abstenir, omettre, renoncer, se reposer, et enfin tous les modes relatifs à des possibilités de préoccupation que l’on désigne par un " sans plus " Le titre de " préoccupation " présente d’abord une signification préscientifique, celle de : exécuter, liquider, " régler " une affaire L’expression peut vouloir dire aussi : se préoccuper de quelque chose au sens de " se procurer quelque chose ".
En outre, nous utilisons également l’expression dans la tournure caractéristique : " je suis préoccupé de l’échec possible de cette entreprise ".
" Se préoccuper " c’est alors quelque chose comme craindre.
Par opposition à ces significations préscientifiques, ontiques, l’expression de " préoccupation " est utilisée dans la présente recherche comme terme (comme existential) servant à désigner l’être d’un être-au-monde possible.
Si l’on a choisi ce titre, ce n’est point par exemple parce que le Dasein serait d’abord et dans une large mesure économique et " pratique ", mais parce que l’être du Dasein lui- même doit être manifesté comme souci.
Cette dernière expression doit à son tour être saisie comme concept structurel ontologique .
Le " souci " n’a rien à voir avec la " peine ", les " ennuis ", les " soucis de la vie " qui se rencontrent ontiquement en tout Dasein.
Ces phénomènes ne sont possibles ontiquement — tout de même que l’" insouciance " et la " sérénité " — que parce que le Dasein ontologiquement compris est souci.
C’est parce que l’être-au-monde appartient essentiellement au Dasein que son être vis- à-vis du monde est essentiellement préoccupation.
L’être-à.
, on l’a dit, n’est point une " qualité " que le Dasein possède à tel moment ou ne possède pas à tel autre, sans laquelle il pourrait être aussi bien qu’avec elle.
L’homme n’" est " pas, en ayant encore et de surcroît un rapport d’être au " monde ", que de temps en temps il exercerait.
Le Dasein n’est jamais " d’abord " un étant pour ainsi dire " libre-d’être- à.
", qui aurait occasionnellement envie d’assumer une " relation " au monde.
Assumer de telles relations au monde n’est possible que parce que le Dasein est comme être-au-monde ce qu’il est.
Cette constitution d’être ne prend pas naissance du simple fait qu’en dehors de l’être qui a le caractère du Dasein est sous-la-main un autre type d’étant qui se rencontrerait avec lui.
" Se rencontrer avec " le Dasein, cet autre étant ne le peut que pour autant qu’il peut en général se montrer à partir de lui-même à l’intérieur d’un monde.
Le propos souvent cité aujourd’hui : " l’homme a son environnement " ne peut rien signifier ontologiquement tant que cet " avoir " reste indéterminé.
L’" avoir " est fondé en sa possibilité dans la constitution existentiale de l’être-à.
C’est en étant essentiellement en cette guise que le Dasein peut découvrir expressément l’étant qui lui fait encontre sur le mode du monde ambiant, le connaître, en disposer, avoir le " monde ".
Le propos ontiquement trivial : " avoir un environnement " pose un problème ontologique.
Le résoudre ne réclame rien d’autre que de déterminer d’abord l’être du Dasein de manière ontologiquement satisfaisante.
Que la biologie — surtout à nouveau depuis K.
E.
v.
Baer fasse usage de cette constitution d’être, cela n’autorise pas à taxer son usage philosophique de " biologisme ".
Car la biologie, en tant que science positive, n’est pas capable elle non plus de découvrir et de déterminer cette structure — elle est obligée de la présupposer et d’en faire constamment usage.
Toutefois, la structure en question ne peut être elle-même explicitée philosophiquement en tant qu’a priori de l’objet thématique de la biologie que si elle est préalablement comprise comme structure du Dasein.
C’est seulement en s’orientant sur la structure ontologique ainsi conçue qu’il est possible, par voie privative, de délimiter aprioriquement la constitution d’être de la " vie ".
Aussi bien ontiquement qu’ontologiquement, c’est à l’être-au-monde comme préoccupation que revient la primauté.
Cette structure reçoit de l’analytique du Dasein son interprétation fondamentale.
Mais, demandera-t-on, la détermination jusqu’ici proposée de cette constitution d’être ne s’enferme-t-elle pas exclusivement dans des énoncés négatifs ? Nous ne cessons d’apprendre ce que cet être-à.
présumé si fondamental n’est pas.
Assurément.
Cependant, cette prépondérance de la caractérisation négative n’est point fortuite.
Elle annonce bien plutôt elle-même la spécificité du phénomène, et par là elle est positive en un sens authentique, adéquat au phénomène lui-même.
Si la mise en lumière phénoménologique de l’être-au-monde a le caractère d’un rejet des dissimulations et des recouvrements, c’est parce que ce phénomène est toujours déjà " vu " en quelque manière lui-même en tout Dasein.
Et s’il en est ainsi, c’est parce qu’il est une constitution fondamentale du Dasein, parce qu’il est toujours déjà ouvert avec son être pour sa compréhension d’être.
Néanmoins, le phénomène, la plupart du temps, est toujours déjà aussi radicalement mésinterprété, ou interprété de manière ontologiquement insuffisante.
Et pourtant cette modalité même : " voir d’une certaine façon et quand même mésinterpréter le plus souvent " ne se fonde elle-même en rien d’autre qu’en cette constitution d’être même du Dasein conformément à laquelle il se comprend de prime abord lui-même — donc aussi son être-au-monde — à partir de l’étant et de l’être de l’étant qu’il n’est pas lui-même, mais qui lui fait encontre " à l’intérieur " de son monde.
Dans le Dasein lui-même, au Dasein lui-même cette constitution d’être est toujours déjà en quelque manière " bien connue ".
Or à partir du moment où elle doit être effectivement connue, la connaissance expresse — en tant que connaissance du monde — se prend justement elle-même pour relation exemplaire de l’" âme " au monde La connaissance du monde (νοιεν) ou l’advocation et la discussion du " monde " (λοηος) fonctionne par conséquent comme le mode primaire de l’être-au-monde sans que celui-ci soit conçu comme tel.
Or comme cette structure d’être demeure ontologiquement inaccessible, mais qu’elle est expérimentée ontiquement comme " relation " entre un étant (monde) et un autre étant (âme), comme enfin l’être est de prime abord compris grâce au point d’appui ontologique de l’étant en tant qu’intramondain, l’on tentera de concevoir cette relation entre les étants cités sur la base de ces étants et conformément au sens de leur être, bref comme être-sous-la-main.
L’être-au-monde, bien qu’expérimenté et connu préphénoménologiquement, est rendu invisible par une interprétation ontologiquement inadéquate.
On ne connaît plus maintenant cette constitution d’être — non sans la considérer comme quelque chose d’" évident " — que sous l’empreinte à elle imposée par l’interprétation inadéquate.
Dès lors, elle deviendra ensuite le point de départ " évident " pour les problèmes de théorie de la connaissance ou de " métaphysique de la connaissance ".
Car quoi de plus " évident " qu’un tel rapport d’un " sujet " à un " objet ", et inversement ? Ce " rapport sujet-objet " doit nécessairement être présupposé.
Néanmoins il demeure une présupposition parfaitement fatale, bien que, ou parce qu’inattaquable en sa facticité tant que sa nécessité ontologique et avant tout son sens ontologique sont laissés dans l’ombre.
Comme c’est la connaissance du monde qui, le plus souvent et même exclusivement, représente exemplairement le phénomène de l’être-à.
, et cela pas seulement pour la théorie de la connaissance — puisque le comportement pratique est compris comme le comportement " non-théorique " et " athéorique " —, et comme cette primauté du connaître compromet la compréhension de son mode d’être le plus propre, il convient de dégager de manière encore plus aiguë l’être-au-monde par rapport à la connaissance du monde, et de le rendre lui-même visible en tant que " modalité " existentiale de l’être-à.
Si l’être-au-monde est une constitution fondamentale du Dasein, où il se meut non pas seulement en général, mais — sur le mode de la quotidienneté — de façon privilégiée, il doit donc également être toujours déjà expérimenté ontiquement.
Un voilement total du phénomène serait d’autant plus inintelligible que le Dasein dispose d’une compréhension d’être de lui-même, si indéterminée soit-elle.
Néanmoins, dès l’instant que le " phénomène de la connaissance du monde " a été lui-même saisi, il a été soumis à une interprétation " extérieure ", formelle.
Un signe en est la position, encore usuelle aujourd’hui de la connaissance comme une " relation entre sujet et objet ", qui contient en elle autant de " vérité " que de vide.
Sujet et objet, cependant, ne coïncident point avec Dasein et monde.
Même s’il était licite de déterminer d’abord ontologiquement l’être-à.
à partir de l’être- au-monde connaissant, la tâche ne s’en imposerait pas moins en premier lieu de caractériser phénoménalement la connaissance comme un être-au-monde et pour le monde.
Lorsque l’on réfléchit sur ce rapport d’être, est d’abord donné un étant, nommé nature, au titre de ce qui est connu.
Or il est impossible de rencontrer le connaître lui-même à même cet étant.
Si le connaître " est " en général, il appartient uniquement à l’étant qui connaît.
Seulement, même dans cet étant, la chose-homme, le connaître n’est pas sous-la-main.
En tout cas, il n’y est pas constatable extérieurement comme le sont par exemple des propriétés corporelles.
Or si le connaître appartient à cet étant mais n’en est pas une propriété extérieure, il doit être " à l’intérieur ".
Plus l’on établit univoquement que le connaître est d’abord et proprement " à l’intérieur " et qu’il n’a absolument rien du mode d’être d’un étant physique et psychique, et plus l’on croit progresser sans présupposés dans la question de l’essence de la connaissance et dans l’éclaircissement du rapport entre sujet et objet.
Car c’est alors seulement que peut surgir un problème, c’est-à-dire la question de savoir comment ce sujet connaissant sort de sa " sphère " intérieure, comment il passe dans une sphère " autre et extérieure ", comment le connaître peut en général avoir un objet, comment l’objet doit lui-même être pensé pour qu’en fin de compte le sujet le connaisse sans avoir besoin de risquer le saut dans une autre sphère.
Mais, quelles que soient les multiples variantes de cette interrogation, toujours demeure tue la question du mode d’être de ce sujet connaissant dont pourtant l’on prend constamment et implicitement toujours déjà l’être pour thème lorsqu’on traite de son connaître.
Sans doute, l’on assure à chaque fois que l’intérieur, la " sphère intérieure " du sujet n’est absolument pas pensée comme une " boîte " ou un " enclos ".
Mais que signifie positivement l’" intérieur " de l’immanence où le connaître est de prime abord enfermé ? Comment le caractère d’être de cet " être-intérieur " du connaître se fonde-t-il dans le mode d’être du sujet ? Sur ces points, le silence règne.
En fait, de quelque manière que cette sphère intérieure soit interprétée, dès l’instant qu’est posée la question de savoir comment le connaître peut réussir à en " sortir " et à conquérir une " transcendance ", il apparaît avec éclat que l’on ne peut que trouver le connaître problématique tant que l’on n’a point d’abord clarifié la modalité et l’essence de ce connaître si riche en énigmes.
En adoptant un tel point de départ, on demeure aveugle à ce que la thématisation la plus provisoire du phénomène de la connaissance implique déjà tacitement : le connaître est un mode d’être du Dasein comme être-au-monde, il a sa fondation ontique dans cette constitution d’être.
A cette invocation de la donnée phénoménale selon laquelle le connaître est un mode d’être de l’être-au-monde, on pourrait objecter que pareille interprétation du connaître revient à annuler le problème de la connaissance.
Qu’est-ce qui peut bien en effet faire encore problème si l’on présuppose que le connaître est déjà auprès de ce monde que pourtant il ne doit atteindre que moyennant la transcendance du sujet ? Mais indépendamment du fait que cette dernière question procède manifestement d’un " point de vue " constructif, non légitimé phénoménalement, quelle instance décidera-t-elle donc de la question de savoir si et en quel sens doit exister un problème de la connaissance — quelle instance, sinon le phénomène du connaître lui-même et le mode d’être du connaissant ? Or si nous demandons maintenant ce qui se montre dans la réalité phénoménale du connaître lui-même, il est constant que le connaître se fonde lui-même préalablement dans un être-déjà-auprès-du-monde essentiellement constitutif de l’être du Dasein.
Cet être-déjà- auprès ne se réduit nullement à la contemplation béate d’un pur sous-la-main.
L’être-au- monde, en tant que préoccupation, est capté par le monde dont il se préoccupe.
Pour que devienne possible le connaître en tant que détermination considérative du sous-la-main, il est préalablement besoin d’une déficience de l’avoir-affaire préoccupé avec le monde.
C’est en se retirant de toute production, de tout maniement, etc.
, que la préoccupation se transporte dans le seul mode d’être-à.
alors résiduel : dans le ne-plus-faire-que-séjourner-auprès-de.